Au plus tard, la plénière inaugurale sera organisée mi-mars et devra annoncer la quatrième législature post-révolution. Il s’agit de la dernière dans le processus du 25 juillet annoncé par le Président de la République.
L’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a dévoilé samedi dernier la liste définitive des nouveaux députés qui animeront les plénières de la nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Au plus tard, la plénière inaugurale sera organisée mi-mars et devra annoncer la quatrième législature post-révolution. Il s’agit de la dernière dans le processus du 25 juillet annoncé par le Président de la République.
En tout cas, le président de l’instance supérieure indépendante des élections, Farouk Bouaskar, a annoncé un changement au niveau des résultats définitifs de deux circonscriptions électorales. Il s’agit des résultats afférents aux circonscriptions de Sejnane Joumine-Ghazala relevant du gouvernorat de Bizerte et de Sakiet Dayer, une circonscription relevant du gouvernorat de Sfax. Les changements apportés aux résultats de ces deux circonscriptions surviennent suite à la publication des résultats des recours électoraux portés devant le Tribunal administratif. Le nouveau parlement sera composé de 154 sièges représentant des circonscriptions à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Ce parlement est le premier mis en place depuis l’adoption d’une nouvelle constitution en juillet puis la publication d’une nouvelle loi électorale en septembre. Il sera donc marqué par de nouvelles modalités, mais surtout par de nouvelles fonctions. Le premier changement majeur n’est autre que la question de la dissociation entre les députés et les partis. Alors que ces derniers pouvaient auparavant présenter des listes, la nouvelle loi électorale stipule que les députés soient redevables directement envers leurs électeurs. Concernant le tourisme parlementaire, la nouvelle Constitution stipule que si un député se retire du bloc parlementaire auquel il appartenait au début de la législature, il ne peut rejoindre un autre bloc. De même, le député ne bénéficie plus de l’immunité parlementaire en ce qui concerne les délits d’injure, de diffamation et d’échange de violence commis au sein du parlement, ni en cas de perturbation du fonctionnement normal du parlement.
Quid des partis politiques ?
Alors que tout le processus électoral a été marqué par un fort boycott politique, le nouveau parlement sera visiblement à l’écart des tensions politiques que nous avons tous observées lors de la dernière législature. En effet, les grands partis politiques seront absents sauf s’ils sont représentés par de faux candidats indépendants.
Néanmoins, il faut s’attendre à la formation de trois grands blocs parlementaires dont deux partisans représentant le mouvement Echaâb et «Harak Chabab Tounès relevant du Harak 25 juillet». Quant au troisième bloc, il serait constitué des députés élus au nom de l’initiative « Que triomphe le peuple » constitué d’indépendants, de syndicalistes et de militants partisans pro-25 juillet 2022.
S’agissant de la présidence du nouveau parlement, la vision est toujours floue. En tout cas, l’ancien bâtonnier des avocats, Brahim Bouderbala, a expliqué que ce sont les députés qui devront élire le président de la prochaine assemblée et qu’il était prêt à présider le prochain parlement. Cette candidature annoncée ne fait pas l’unanimité. Le parti Echaâb, qui revendique une trentaine de sièges au sein du nouveau parlement, s’est dit concerné également par sa présidence. Haykel Mekki, leader au sein du parti, a assuré que le mouvement Echaâb soutiendra un candidat à la présidence de la prochaine Assemblée des représentants du peuple. L’identité de cette personne n’a pas encore été définie. Il s’agira d’un candidat présenté par son parti et ses alliés. Il peut s’agir d’une femme. « Je ne pense pas que notre candidat sera Brahim Bouderbala… », a-t-il poursuivi
La femme invisible ?
Le nouveau parlement qui commencera ses travaux, rappelons-le, au plus tard le 15 mars, est illustré par une faible représentation de la femme. Alors que la précédente loi électorale prévoyait une égalité femmes-hommes sur les listes, le nouveau texte ne mentionne pas de règle sur la parité, bien que celle-ci figure dans la Constitution. C’est pour cette raison que nous avons assisté à un faible taux de candidatures féminines.
En effet, selon les résultats des élections législatives annoncés par l’Instance électorale, la représentation des femmes sera très faible dans le prochain parlement. 25 femmes sont parvenues au parlement contre 129 hommes. Cela correspond à 16% de représentation féminine parlementaire, la plus basse depuis la révolution.
Rompre avec l’ancienne image
En tout cas, si le processus du 25 juillet a eu lieu, c’est en partie en raison des images désolantes que nous avons observées issues de l’ancien parlement. L’une des premières missions de cette nouvelle composition sera de rompre avec l’image de sa prédécesseure en essayant de servir les intérêts des électeurs.
Les Tunisiens s’habituaient malheureusement à ce genre de scènes indignes des représentants du peuple. Chaque jour, ou presque, les images désolantes de violence, de tiraillements et d’accusations entre les anciens députés envahissaient nos écrans et les réseaux sociaux pour témoigner d’une situation devenue, alors, hors de contrôle.